« Réaliser mon rêve sans avoir demandé d’argent à personne»

James Simonin ne s’est pas encore fait un nom sur le bivouac, pourtant il est déjà bien connu dans le monde du trail en France qui s’abreuve des légendes du Dakar pour créer son propre univers. James est l’organisateur d’une randonnée corsée qui fêtera en juin prochain sa 8e édition : le Hard DéfiTour. C’est grâce aux recettes de cet évènement qu’il est parvenu à se payer son rêve de gosse, participer au Dakar à 52 ans. Né en proche banlieue sud de Paris, il travaille durant onze ans comme mécanicien entre 16 et 27 ans sur des Kawasaki et des BMW, plutôt côté circuit et route donc. James lui est plutôt nature et à 25 ans il réalise un de ses rêves. Il part s’installer dans le Massif Central et ouvre des chambres d’hôtes. Un projet « pour profiter de la vie » qui marque ses débuts en enduro qu’il découvre sur le tard. De fil en aiguille, il devient guide motorisé et organise des virées en quad dans sa région d’adoption, entre Brive et Clermont. Entre 2000 et 2015, il fait un demi-tour du monde en bateau, les traversées à pied des Alpes et des Pyrénées, celle de l’Argentine, de la Bolivie et du Chili à vélo et deux fois celle du Ténéré à moto pour faire l’assistance à des copains qui volaient eux en para-moteurs ! Le rallye-raid reste une quête barrée par son coût. Pour contourner cet obstacle, James se prépare une moto trail KTM 690 avec laquelle il commence de longs voyages. Au départ de l’Auvergne, il part trois fois en Islande, entre un mois et demi et deux mois et pour 10 000 km. Le Maroc avec des potes est aussi au programme, toujours au départ de la maison. Déjà en 2008 il avait fait le voyage en 4x4 avec son père jusqu’à Dakar. En 2021, les comptes de l’asso qui organise son évènement moto trail annuel sont au beau fixe. James fait l’acquisition d’une 450 Husqvarna de rallye-raid avec l’intention de participer au Rallye du Maroc pour se qualifier pour le Dakar 2023. Après l’expérience initiatique du Rallye du Maroc, James a besoin d’accumuler des kilomètres au guidon de sa Husky. Ce qu’il réalise à l’occasion de deux autres rallye-raids au Maroc en 2022 et 2023. Voilà comment il finit par remplir les critères de sélection du Dakar. En janvier, il ne sera pas totalement dépaysé au bivouac puisque deux de ses voisins presque directs du pied du massif du Sancy seront eux aussi au départ du Dakar. Sylvain Espinasse d’abord, l’habitué de la course en 125 qui cette année sera sur une moto électrique. Alex Winock ensuite, ni plus ni moins que le navigateur de Guerlain Chicherit. Le monde est petit !

J.S.: « Le Dakar, c’est un rêve d’enfant, j’ai toujours voulu le faire, mais je n’en ai jamais eu les moyens. Il y a quelques années, je suis parti en Italie participer au Hard Alpi Tour, un évènement moto trail. J’ai trouvé le concept bien, mais pas assez tout-terrain à mon goût. Faire 500 km en 24h, ça me plaisait, mais on roulait quasiment tout de nuit, ce n’était pas en boucle et il manquait de tout-terrain. Quand je suis rentré, je me suis mis en tête de créer mon propre évènement sur ce modèle mais corrigé à ma sauce. Je me suis dit que si ça marchait, cela me permettrait de financer mon Dakar. J’ai créé l’association Adventure World dans cette optique. Il y a huit ans de ça, les constructeurs moto vendaient tous du rêve avec le trail qui était le secteur qui explosait. J’ai voulu créer une randonnée ouverte à tous qui se rapproche de ce que l’on peut vivre en rallye-raid en termes de distances mais avec des difficultés de type enduro extrême comme je le pratique. Pour gonfler le plateau des quinze inscrits de la première édition, j’ai invité des amis et des journalistes et j’ai tout de suite eu de bons articles. Le Hard DéfiTour est devenu un rendez-vous du monde du trail pour les pratiquants et les marques. De un jour on est passé aujourd’hui à deux jours et 400 km quotidien. Le HDT, comme il se fait appeler dans le milieu du trail, est toujours accessible financièrement et techniquement, mais ce n’est pas à la portée de tous de finir. Le projet Dakar aurait dû naître un peu plus tôt, il a été retardé par le Covid qui m’a empêché de remplir l’édition du HDT cette année-là. Mais finalement je vais partir sur mon premier Dakar avec un seul sponsor affiché sur la moto, le Hard DéfiTour. Je vais pouvoir réaliser mon rêve sans avoir demandé d’argent à personne. »