« Je sais que j’ai la bonne approche cette fois-ci»

Il y a chez Fabien le profil typique de ces passionnés de moto tout terrain, de ceux qui ont tant rêvé en regardant le Dakar devant la télé qu’ils se sont dit qu’un jour, ce sera leur tour. Après trente ans de motocross et d’enduro, le déclic a eu lieu dans les dunes de Merzouga, au Maroc. C’est l’un de ses amis, Marc Bourgeois, à l’époque team manager d’Outsiders, l’équipe officielle Yamaha Europe en enduro, qui l’initie avec ses amis. Le bonheur de rouler dans le sable, le fait de chercher sa trajectoire dans les dunes, la liberté des grands espaces… Fabien est allé cinq fois à Merzouga pour parfaire son pilotage en vue du Dakar. Il s’est d’abord qualifié à l’issue du Rallye du Maroc en 2021 et a pris le départ en janvier 2023 de son premier Dakar. Mais dans la 2e étape, à 30 kilomètres de l’arrivée, il a chuté sur un danger. Une de ces fameuses notes rajoutée par les ouvreurs passés 48 heures avant la course et communiquée par David Castera lors du briefing la veille au soir. Fabien n’y était pas. Il assume, il sait qu’il a commis une erreur dans son approche du Dakar. Celle qui consistait à tout miser sur son pilotage au détriment de la navigation et peut-être aussi des à-côtés de la course. Un échec vite analysé et digéré, une de ces « claques » que ce chef d’entreprise sait surmonter au quotidien dans sa vie professionnelle. La commotion cérébrale ne l’écarte pas bien longtemps du sport, qu’il reprend en même temps qu’un nouvel objectif : prendre le temps de travailler la navigation… qu’il n’apprécie pas particulièrement, il ne s’en cache pas ! Avec un Rallye du Maroc 2023 au compteur en plus avec RS Concept, Fabien revient sur le Dakar avec une nouvelle machine et une nouvelle équipe. L’Auvergnat pilotera une GasGas au sein de la structure française Nomade Racing.

F.D. « Je n’avais pas la bonne gestion de la course, j’avais mis en avant les qualités de mon pilotage et fait abstraction de la navigation. C’est la vie, on prend des claques, je sais ce que c’est avec mon entreprise que de devoir gérer des échecs. Je ne sais pas si c’est cela qui inconsciemment m’a aidé à rebondir aussi vite, mais je me suis tout de suite remis dans l’objectif de remettre les moyens et les budgets pour refaire un Maroc avec pour but de finir le Dakar. Sur le Rallye du Maroc en octobre dernier, j’ai changé d’approche. J’ai d’abord navigué avant d’exploiter mon pilotage. J’ai piloté à 60% de mon potentiel mais à 100% de mes capacités de navigation. Et le résultat est venu naturellement puisque je ne me suis pas perdu une seule fois et que je n’ai pas non plus chuté, hormis dans les dunes comme cela arrive souvent. J’ai terminé 32e Rally2 et j’ai eu la surprise de découvrir à deux heures de la remise des prix que j’avais remporté la catégorie vétéran ! Le Rallye du Maroc m’a permis de comprendre ce qu’il fallait faire en piste mais également après l’arrivée de l’étape. J’ai pu générer des automatismes pour soigner des bobos, préparer le lendemain. Cette course qui est très belle, piégeuse et à deux mois du Dakar est idéale pour cela, même si elle ne représente au total que 3000 kilomètres. Je ne vais pas dire que je suis serein, mais je sais que j’ai la bonne approche cette fois-ci. »